Le chant du prophète : ça donne des frissons!
Prophet Song / Le chant du prophète est un roman troublant qui nous rappelle que nous ne sommes pas à l’abri de nous retrouver dans un régime de dictature. Disons qu’en ce moment, avec le climat politique mondial, cette histoire ne peut que bousculer, bouleverser, voire glacer.
Sur la forme, les dialogues indifférenciés du reste du texte forment d’énormes paragraphes de deux pages en moyenne. Ça ralentit la lecture au début dans les conversations du couple, mais je crois que la sensation « c’est pas clair » est intentionnelle. Puis on s’y fait assez rapidement. De plus, ça ajoute au sentiment de cette chape de plomb qui tranquillement descend sur Heilish et son environnement.
Au départ il y a moins d’action, d’événements. Ce n’est pas une histoire avec un rythme enlevant. C’est plutôt lent. C’est un truc d’ambiance se concentrant sur les perceptions vécues et des observations d’Eilish lors de l’installation progressive d’une dictature. Les personnages sont dans l’attente, la peur, l’ignorance, l’incertitude, l’espoir, le déni, le désespoir, la dépression. Eilish est incrédule devant les choses qui se passent. Elle garde toujours espoir que son mari soit libéré, que la situation se règle. Tant que parfois on a envie de la brasser et de lui dire de se réveiller. On est curieux de savoir ce qui arrivera, on veut connaître la suite. On a hâte !
Paul Lynch a une écriture poétique, sensorielle, sensible et imagée.
Il possède un incroyable talent pour créer des ambiances lourdes, glaçantes, tangibles. Ce qui rend Le chant du prophète un récit inconfortable. D’une part à cause des événements, du climat de terreur, de l’incertitude qu’on a l’impression de vivre au même titre que les personnages. Puis il y a la pesanteur des nombreux passages de réflexions et de sentiments d’Heilish. Cette pesanteur augmente tranquillement. Plus on avance, plus c’est oppressant. Plus on étouffe. Plus on est affligé. Ça devient presque insoutenable à la fin. On a hâte que ça finisse, parce que c’est un réel cauchemar. C’est sombre et éprouvant. Heureusement pour moi, le livre a une fin. Ce n’est pas le cas pour les régimes totalitaires qui existent.
C’est un roman dense, sinistre, lugubre, même, car au fur et à mesure, l’espoir s’amenuise. Puis, à la toute fin, il y a comme une petite étincelle. On a peur qu’un vent l’éteigne. On souhaite que non.
Ça donne des frissons!
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